No longer drowning and deceived

J’ai un brouillon qui traîne, qui date du début du mois d’octobre du même titre. J’étais allée voir Adèle Haenel aux Bouffes du Nord, Miet Warlop à La Villette, et évidemment Taylor Swift à l’UGC Les Halles. C’était bouillonnant d’inspiration, de rage.

Et puis je ne l’ai pas fini, je ne l’ai pas publié. J’étais encore trop travaillée par les attaques envers Taylor Swift qui la prétendaient devenir MAGA. La lutte des classes était inégale pour la milliardaire.
En face, Adèle Haenel rentrait à peine de la Sumud Freedom Flotilla, partageait la pensée de Monique Wittig dans une simili AG dans les bois avant de lire une tribune pour la Palestine une fois les lumières rallumées. Miet Warlop mettait en scène la soie, la fragilité humaine, une vision magnifique et violente de l’humanité dans une chorégraphie éreintante.
Alors oui, il y avait aussi une certaine culpabilité à vouloir se retrouver dans une Ophelia sauvée, les attaques (excitées par des acteurs intéressés) sur son prétendu antiféminisme et son racisme facilitaient la gêne d’apprécier une pop joyeuse, décomplexée et pourtant toujours assez subversive — relire Morgane Giuliani.

Bref. Ça c’était le brouillon.

Depuis j’ai fait du jus de pommes, j’ai vu Ethel Cain, j’ai vu C. et A. et C. again, j’ai regardé des mini-séries lesbiennes et on a commencé Double Parked avec L. et L. (y’a un truc à faire avec L. wlw L. hmm…). On est parties pour Halloween avec la team.

Je sais pas si je faisais autant de choses avant. Ou bien est-ce que je suis tellement fatiguée que là, ça y est, je réalise que je vis ? La famille vient à la maison, on se couche crevées mais heureuses, presque plus crevées de ces activités que d’un bébé qui fait presque ses nuits (le dites pas à mon taf svp j’ai besoin d’une excuse pour piquer du nez en réunion).

Ou bien je pense au burn out, il y en a tellement autour de moi, à jongler avec les (maigres) missions militantes qui m’incombent, le travail et la vie de jeune maman, est-ce que c’est à vivre spread thin qu’on ressent tant, avant que ça ne lâche ? Ou bien… ouais non sois heureuse non ?

Il n’y a qu’une seule chose qui me manque, c’est d’écrire. Justement parce que la fatigue mange mes heures d’angoisse, où je fixais les ombres géométriques de la ville à mon plafond jusqu’à y retrouver la nostalgie de vies que je n’ai pas vécues. Et aujourd’hui, je me dis, si je ne les vis pas tant pis ? J’écris au moins ce blogpost comme une respiration, un article pour rien, mais pour être là quand même, écrire au présent. Et oui, il reste des hantises et des non-dits et des choses que je ne peux pas coucher sur l’écran comme si on était en 2012, mais rien ne sert de jouer avec le feu maintenant. C’est à ça que servent les brouillons.

It was dark and I was on the ground. I couldn’t find the light. I don’t know if I was in a tunnel. I don’t know if I was in a tunnel.

i couldn’t find the light – Claire Rousay, 2025

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