The good times gonna come

Dans mon rêve, cette nuit, j’ai vu une tempête qui n’en finissait plus, et dévastait tout. Je ne sais pas si nous étions nous-mêmes emportées. Il y avait la chaleur d’un confort de science-fiction, de dystopie, pour les quelques personnes à l’abri, je ne les ai pas rejoint. Je me suis réveillée avec le sentiment d’avoir tout perdu.

Psy-op : l’imaginaire est au service du fascisme et de la fin des temps

Il n’y a pas les mots alors on n’en parle pas. Il y a trop d’images alors on les efface. Comme un sursaut de réalité à la gorge d’une imagination finalement si limitée. L’imaginaire ne parle pas arabe, il cache les corps et les famines derrière des murs et des algorithmes, il ne montre que la résilience face à pire que ça, que quoi ? Il faut encore attendre : le futur n’est jamais là pour qu’on lui dise de s’arrêter.

J’en ai parlé à ma psy ce matin, de cette angoisse, et de celle de vouloir un enfant aujourd’hui. Certes pas sous les bombes ni sous la tempête. Pour toi et moi, il fait juste gris. Malgré tout, je me sens démunie. Voir des familles détruites, vouloir la sienne. Comment espérer faire grandir un être au-delà de nos propres incapacités ?

Tiens, je ne l’avais pas utilisé en séance, ce mot d’incapacité. C’est vrai qu’il est pas très élégant. Mais il aurait pu coller. Ma psy m’a demandé ce que je faisais pour l’affirmation de soi, et je ne savais pas quoi répondre à part « refuser ». Rire sortir, aimer. Je ne refuse pas par envie d’autre chose. C’est un principe fluctuant, une ascèse à taux variable, pour limiter les dégâts. C’est le choix qui limite les choix. C’est pour ne pas m’approcher de cette incapacité, comme si une quelconque volonté propre était capable de tout. L’incapacité n’est cependant pas l’irrésolue contradiction qui nous ronge, la culpabilité du non investissement constant et total, les réelles indifférences. La panique est réelle et on continue. Elle désignerait plutôt la frontière entre soi et les autres, l’impossible extension de ce qui nous déborde : le refus est alors une protection supplémentaire à l’impossible bascule en l’autre. Rire, sortir, aimer en chœur. Trembler aussi.

Mais je suis capable de toi.

J’ai peur de l’égoïsme du désir d’enfant. Par extension, de tout désir. On apprend pas à désirer, à accepter. Être égoïste pour d’autres ? Et si moi aussi, je commence à imaginer ? Quelle réalité nous déchirera encore ? Je veux pouvoir l’accepter elle.

Le ciel est noir mon amie
Mais j’y vois clair, et la pluie

KOMPROMAT, Adèle Haenel – « De mon âme à ton âme« , 2019

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