Aujourd’hui j’ai sué orange. Comme Donald Trump.
Ce week-end je suis seule. J’ai pas anticipé, ou plutôt j’ai anticipé que ce week-end pourrait être à moi. Mais je suis vraisemblablement encore trop immature pour prendre soin de moi, trop codépendante pour être assez consciente de ce que je veux faire et de ce que je pourrais faire, trop insecure pour me dire que des gens voudraient passer du temps avec moi. Du temps à moi, c’est l’isolation.
Alors vendredi soir, j’ai hésité à sortir. A. devait faire une lecture de ses poésies mais son absence en ligne et les derniers posts des autres poétesses m’ont donné l’impression qu’elle n’était plus de la partie (ça sera confirmé le lendemain). J’ai abandonné. Journée de télétravail, dernier simulacre d’investissement à 18h hop on ferme l’ordinateur. Et puis un cookie, seule (That’s how it starts). Je sais pas vers quoi je voulais être portée (si, mais ça c’est pour le journal intime t’as cru quoi), j’ai senti le silence enfin. Comme quand on a réussi à épuiser toutes les fréquences FM et que toute la voiture s’accorde à rouler en silence et regarder la route, le bruit blanc de l’autoroute, sans compter les panneaux tous les cent mètres ni rythmer le passage des bandes blanches. C’était pas le repos recherché, mais un repos I guess. Au lit à 19h30. Je scrolle incessamment Tiktok, une meuf parle du fait qu’elle en a marre de date et de voir que les gens sont incapables de s’entretenir eux-mêmes alors comment pourraient-ils s’occuper d’une autre personne.
Dig deep, can’t hide
Girl in Red – « Serotonin », 2021
From the corners of my mind
I’m terrified of what’s inside
Samedi, je me réveille à 7h. Il me reste 2 heures avant l’ouverture du magasin où je dois récupérer ma commande, 4h avant le début du créneau de badminton au gymnase d’à côté. Il faut aussi que je passe nourrir Sue. Je suis pétrifiée. Quel choix de parcours. Je repense aux tests de I. pour les TDAH, il y en avait un où il fallait trouver le chemin optimisé pour faire les courses en ville, est-ce que c’est ça qu’on veut l’optimal je ne pense pas c’est mon week-end je veux être moi et profiter je laisse l’heure passer il va être 11h il faut que j’écrive à quelqu’un.e je peux pas rester comme ça c’est pas une matinée où je me prélasse au lit j’ai physiquement mal dès que je tente de lever la couette pour sortir j’ai peur de ne pas réussir à sortir. J’envoie un vocal à la seule personne que je pense pouvoir appeler. J’ai la respiration courte et je peine à parler. C’est comme une promesse qui remet en cause mon amitié entière si elle n’est pas tenue. C’est comme une ombre qui se tient là et te juge si tu ne fais rien.
Je m’en veux terriblement d’aller me dépenser, de faire du sport. D’ailleurs je me dis que mon corps m’en veut aussi, des plaques d’eczéma me poussent dès que je sue je rougis et je sue rouge, les débuts du body horror movie le plus triste de l’histoire. Mais je suis concentrée, entre deux matchs je regarde si j’ai reçu un message.
Je rentre. J’achète 672 grammes de nouilles chinoises pour le goûter. Et l’inaction reprend. Je ferai à manger quand je ne serai plus seule.
Incroyable ! Une pote m’appelle et on parle pendant UNE heure (1h). Quelqu’un m’a appelé pour parler de choses dont on pouvait discuter (d’elle). Ceci dit la conversation est planifiée depuis 2 semaines, c’est pour parler carrière. J’ai l’impression que tout le reste est coincé en travers de la gorge. Je regarde combien de temps passe, je me dis que je vais battre un record.
Il est 19h30. Je suis de nouveau au lit. Cette fois sans cookie. Je réfléchis à laisser mon portable loin, à bloquer les apps, à prendre une app qui bloque les apps, à disparaitre. Peut-être qu’on va enfin être tranquille, et écrire. Je poste un selfie pris ce matin, peut-être qu’on va réagir.
J’ai passé une bonne journée ? Les choses sont faites. Pas de retard, je sais ce qu’il me reste.
Dimanche. Dimanche j’aurai du temps pour moi.