Il parait, c'est l'enfant qui le dit — l'enfant de la rue sous le pont où l'on pendit les méchants — il parait disait-il, que les yeux dans le feu tournent noirs de panique, et l'humeur fond comme une larme vitrée.
Il disait cela car des corps flasques trop hauts à cueillir, les yeux roulent les premiers comme des fruits juteux.
Dans la langue de l'enfant, l'oeil dit aussi le pain, l'oiseau et l'hiver. Ses yeux à lui sont verts, peut-être seulement quand il n'a plus faim.
Il raconte aussi des cris de peur inarticulés. C'est comme un arbre secoué par le vent dit-il, dont la légende se perd et seule reste la souche.
Il dit qu'il aimerait parler aux méchants, mais qu'il ne sait pas siffler.
Aussi, lorsque la corde cède, il ouvre les gorges et extirpe la langue. Il devine, presque sacré, fend le muscle, il lit ce qui ne peut être dit, l'emprunte laissée par une vie de paroles.
Il dit que c'est ainsi qu'il a appris le mot d'amour.
Je ne sais pas quelle vérité sortira de ma langue fourchée. Les enfants après moi célèbrent la chute, mais s'ils n'ont jamais su nos torts, ils ne savent pas non plus la seule main qui pousse au précipice, et ce n'est que la nôtre.
La rue sous le pont est silencieuse et attend.